Pour les élèves du secondaire, de jeunes diplômés ou même des personnes en réorientation de carrière, la formation en alternance offre de nombreux avantages. Nombre d'employeurs et de recruteurs la considèrent, que ce soit au niveau du CAP ou du Bac+5, en raison de l'expérience de terrain qu'elle fournit aux candidats. Dans cet article, nous fournissons des explications détaillées sur la formation en alternance, ainsi que sur l'apprentissage et le contrat de professionnalisation.
Qu'est-ce que l'alternance ?
En résumé, la formation en alternance consiste en une méthode de formation alternant des périodes de cours théoriques dispensés dans une école spécialisée avec des périodes de travail en entreprise. Pour immédiatement lever toute ambiguïté, la formation en alternance se déroule principalement selon deux options possibles, à savoir l'apprentissage et la professionnalisation.
S'adressant aux personnes à partir de 16 ans, la formation en alternance a pour objectif de leur fournir autant un bagage théorique qu'un bagage pratique. Le candidat issu de cette formation maîtrisera les notions théoriques nécessaires à l'exercice du métier choisi, mais aura aussi acquis des compétences de travail grâce à son expérience sur le terrain. De plus, il aura été rémunéré pour le travail effectué en entreprise, ce qui lui garantit une certaine stabilité financière et permet la prise de risques – d'autant plus que de nombreuses aides sont disponibles en France.
Avantages de l’alternance
Si la formation en alternance est exigeante, elle offre aux étudiants/travailleurs une véritable expérience en entreprise et leur permet de démontrer leur motivation. Ces qualités sont fort appréciées des recruteurs et la plupart des candidats trouvent un emploi à l'issue de la formation, que ce soit dans l'entreprise où ils l'ont suivie ou dans une autre.
Etant donné que la formation en alternance comporte du travail rémunéré en entreprise, pour y accéder il est nécessaire de passer par un processus de sélection. Il faut donc poser sa candidature à la formation, au moyen d'un CV, d'une lettre de motivation et via un entretien. Au cours de cet entretien, le candidat à la formation devra démontrer sa motivation, une certaine connaissance de lui-même (forces, faiblesses, objectifs professionnels) ainsi que la plus-value qu'il pourrait apporter à l'entreprise.
En France, les entreprises de plus de 250 salariés sont tenues d'engager des personnes suivant une formation en alternance. Ceci permet de garantir la formation des jeunes et leur insertion dans le monde du travail, mais représente une charge de travail pour ces entreprises. En effet, les employés en apprentissage ou en professionnalisation doivent être suivis par un tuteur.
Travailler sous l'égide d'un tuteur
Le tuteur est un employé de l'entreprise ayant obligatoirement minimum deux années d'expérience dans le métier concerné et possédant un diplôme égal ou supérieur à celui visé par la personne en formation. Il est volontaire et choisi par l'employeur – qui peut aussi se choisir lui-même s'il en a le temps. Il assure le relais avec l'organisme ou le service de formation et participe à l'évaluation du suivi de la formation.
Dans le cadre spécifique de l'apprentissage, l'apprenti est pris en charge par un maître d'apprentissage, qui répond aux mêmes prérequis que le tuteur et est généralement responsable des mêmes tâches. En revanche, le maître d'apprentissage doit avoir suivi une formation pédagogique lui permettant d'apprendre correctement le métier aux apprentis.
Au quotidien, le tuteur, comme le maître d'apprentissage, doit accueillir le travailleur en formation, le guider, l'aider et l'informer sur son travail au sein de l'entreprise. Il doit contribuer à l'acquisition des compétences du travailleur en formation, organiser son activité et veiller au respect de son emploi du temps. Un même tuteur peut ainsi suivre jusqu'à trois travailleurs en formation, sauf s'il est lui-même l'employeur, dans ce cas il ne peut en suivre que deux. Le maître d'apprentissage ne peut suivre que deux apprentis.
Qu'est-ce que l'apprentissage ?
L'apprentissage est une formation en alternance, au même titre que le contrat de professionnalisation. Il s'agit d'une formation initiale ayant pour objectif de déboucher sur un diplôme supérieur professionnel ou technologique. Les personnes concernées sont considérées comme des apprentis, employés par l'entreprise, contrairement aux étudiants effectuant un stage en entreprise.
À qui s'adresse ce type de travail ?
Cette formation est destinée aux personnes âgées de 16 à 29 ans révolus et doit se dérouler en France, ou partiellement dans un pays frontalier. En effet, cette dernière possibilité existe depuis 2022. La loi 2022-217 du 21 février 2022 permet aux apprentis de suivre une partie de leur formation, qu'il s'agisse de cycles théoriques ou cycles pratiques, dans un pays frontalier de la France : Espagne, Italie, Suisse, Allemagne, Luxembourg, Belgique. Il est également possible d'effectuer une partie de son apprentissage (théorie + pratique) à l'étranger pour une durée de maximum un an.
Le candidat apprenti doit d'abord s'inscrire dans un Centre de Formation des Apprentis (CFA). Ensuite, dès qu'il trouve une formation et signe un contrat avec son futur employeur, il dispose de trois mois avant de commencer sa formation d'apprentissage. Cette formation dure entre 6 mois et 3 ans, mais peut être prolongée sous certaines conditions (échec), ou raccourcie en cas d'obtention du diplôme visé avant le terme du contrat.
L'apprenti alterne des cycles de cours et de travail en entreprise sous la supervision d'un maître d'apprentissage. La durée des cycles dépend de chaque formation : il peut s'agir de journées divisées en heures de cours et heures de travail, ou de périodes de quelques mois de cours suivies par des périodes de plusieurs mois de travail.
A la fin de la période d'apprentissage, l'apprenti doit passer et réussir des examens. D'ailleurs, l'employeur est tenu de lui accorder 5 jours libres, mais rémunérés, pour lui permettre de s'y préparer. En cas de réussite, l'apprenti peut rompre son contrat selon certaines conditions : il doit prévenir l'employeur par écrit au moins 2 mois avant son départ.
Quelles sont les différences entre l'alternance et l'apprentissage ?
Etant donné que l'apprentissage est une formation en alternance, il n'existe pas de différence à proprement parler. Néanmoins, nous pouvons explorer les différences entre l'apprentissage et l'autre option de formation en alternance, qui est le contrat de professionnalisation. Tout d'abord, nous explorons les spécificités de l'apprentissage, dans une autre rubrique nous nous intéresserons ensuite plus en détails aux différences entre les contrats.
Le type de formation
L'apprentissage concerne une formation initiale, en général destinée à une personne ayant terminé sa scolarité, obtenu son bac ou fraîchement diplômée du supérieur. La professionnalisation relève de la formation continue et résulte en une qualification. Cette dernière peut être un BP, un Bac professionnel ou technique, un CAP, un BTS, une licence professionnelle ou même un diplôme d'ingénieur.
Ainsi, l'apprentissage sert vraiment à apprendre un métier à partir de « rien » ou d'un diplôme théorique. Dans un scénario idéal, l'apprenti termine sa formation et peut exercer son nouveau métier, soit dans l'entreprise qui l'a formé (s'il a fait bonne impression sur ses supérieurs et si l'entreprise a les moyens d'investir dans un nouvel employé), soit dans une autre entreprise du même secteur d'activités.
Les limites d'âge
La formation en alternance par apprentissage est réservée aux personnes entre 16 et 29 ans, sauf exceptions. Il existe des aménagements particuliers, notamment une exemption de limite d'âge pour les travailleurs handicapés, les sportifs de haut niveau et les personnes projetant de reprendre ou de créer une entreprise pour laquelle le diplôme concerné est requis. Les travailleurs handicapés peuvent aussi étaler leur apprentissage sur 4 années au lieu des 3 prévues. Il est aussi possible de commencer sa formation à 15 ans si la 3e année du secondaire a été complétée, ou si une 3e année de prépa métier a été entamée.
En revanche, dans le cadre du contrat de professionnalisation, si aucune réelle limite d'âge n'est imposée, la priorité est accordée aux personnes entre 16 et 25 ans révolus. Sont également prioritaires les personnes demandeuses d'emploi de 26 ans et plus inscrites à Pôle Emploi, les allocataires du RSA ou de l'ASS, les bénéficiaires de l'AAH et les personnes sortant d'un Contrat Unique d'Insertion (CUI).
Différences entre un contrat d'apprentissage et un contrat de professionnalisation
Le contrat d'apprentissage : définition et rémunération
Le contrat d'apprentissage confère à la personne en formation le statut d'apprenti salarié de l'entreprise. Il peut s'agir d'un CDL (contrat à durée limitée) d'une durée comprise entre 6 mois et 3 ans, ou même d'un CDI (contrat à durée indéterminée). En cas de CDI, l'apprenti doit obligatoirement débuter par une période d'essai.
Comment se présente ce type de contrat ?
Le contrat prévoit un horaire de 35 heures par semaine, y compris les heures de cours théoriques dispensées par le centre de formation. La rémunération prévue dépend de l'âge de l'apprenti, de son année de formation (première, deuxième ou troisième) et est calculée comme un pourcentage du SMIC en vigueur pour l'année concernée. Par exemple, au premier août 2022 le SMIC brut de base mensuel était de 1 678,95 euros – soit 20 147,40 euros par an. Les apprentis de 26 ans et plus peuvent toucher 100 % de ce SMIC, quelle que soit leur année de formation. En revanche, les apprentis de 16 ou 17 ans en première année ne touchent que 27 % du SMIC, mais ce pourcentage augmente à 55 % en 3e année.
Les tranches d'âges prises en compte sont : 16-17 ans, 18-20 ans, 21-25 ans et 26 ans et plus. Le salaire en première année d'apprentissage pour ces tranches d'âge est respectivement de : 27 %, 43 %, 53 % et 100 %.
Si ces rémunérations peuvent paraître basses, des aides diverses sont en place. Par exemple, les apprentis de moins de 21 ans reçoivent une prime d'apprentissage de 335 euros. Les apprentis de moins de 30 ans peuvent recevoir l'aide mobili-jeune (prise en charge d'une partie du loyer), ainsi que la garantie LocaPass ou Visale pour protéger des loyers impayés. Il existe également une aide de 500 euros pour obtenir son permis de conduire, souvent requis par nombre d'employeurs. Pour finir, l'apprenti peut également demander une aide personnalisée au logement (APL) auprès de la Caisse d'Allocations Familiales (CAF).
De plus, l'apprenti est exonéré de l'Impôt sur le Revenu (à condition que son salaire ne dépasse pas le SMIC), de Contribution Sociale Généralisée (CSG) et de Contribution pour le Remboursement de la Dette Sociale (CRDS). Aucune cotisation salariale n'est prélevée sur la tranche de son salaire brut équivalent à 79 % du SMIC.
L'apprenti bénéficie du même droit aux congés que les salariés de son entreprise, c'est-à-dire 5 semaines de vacances par an. Sont également prévus le congé de maternité ou de paternité, le congé en cas de décès familial, de Pacs ou de mariage.
Dans le cas spécifique d'une liquidation de l'entreprise pendant la durée du contrat, le liquidateur mettra lui-même fin au contrat d'apprentissage. L'apprenti bénéficie alors légalement d'une indemnisation au moins égale aux rémunérations qu'il lui restait à obtenir jusqu'à la fin du contrat.
Le contrat de professionnalisation : définition et rémunération
Le contrat de professionnalisation est soit un CDD soit un CDI, pouvant être assorti d'une période d'essai – mais sans obligation. Cette période d'essai dépend du travailleur : s'il s'agit d'un ancien employé en réorientation professionnelle ou se formant pour monter en grade, la période d'essai n'est généralement pas nécessaire. En revanche, s'il s'agit d'un nouvel employé, avec ou sans expérience, la période d'essai est toujours préférable.
La durée du contrat de professionnalisation a une durée comprise entre 6 mois et 1 an. Mais cette durée peut être étendue jusqu'à 2 ans si la qualification exige l'acquisition de plus de compétences et de connaissances, ou jusqu'à 3 ans pour les jeunes sortis du système scolaire, les bénéficiaires du RSA, ASS ou AAH, et les personnes sortant d'un CUI.
Un horaire de 35 heures par semaine est de vigueur, comprenant les heures de cours théoriques. Pour la professionnalisation, il faut suivre un minimum de 150 heures de formation, celles-ci étant gratuites.
Le salaire de la personne sous contrat de professionnalisation est également calculé en fonction du SMIC et dépend de l'âge ainsi que de l'expérience et/ou des diplômes déjà en sa possession. Les tranches d'âge sont de 16-20 ans, 21-25 ans et 26 ans ou plus.
Le salaire de base est majoré pour toutes les personnes détentrices d'un titre ou d'un diplôme égal ou supérieur au Bac. En ce qui concerne les personnes de 26 ans ou plus, le salaire ne peut être inférieur au SMIC. De plus, il ne peut pas être inférieur à 85 % de la rémunération minimale en vigueur au sein de l'entreprise (voir les dispositions conventionnelles de l'entreprise).
En ce qui concerne les congés, les dispositions sont sensiblement les mêmes que pour le contrat d'apprentissage. Les employés en formation bénéficient des mêmes congés que les salariés de l'entreprise, mais à la condition de les prendre en dehors des périodes de formation. Les congés de maternité/paternité ou de mariage dépendent de l'ancienneté du travailleur.
La formation se termine par des examens. L'employé sous contrat peut prendre des jours de congé pour les préparer, mais il s'agit de congés non rémunérés et il en doit en faire la demande expresse à son employeur. En cas de réussite, l'employé peut, s'il le souhaite, mettre fin à son contrat avec l'employeur. Cette rupture s'effectue selon les règles classiques en vigueur pour les CDD et CDI.