Le trading haute fréquence est une méthode de trading qui utilise des algorithmes et des logiciels spécifiques pour acheter et vendre des actions ou tout autre actif plusieurs fois par seconde. Le système tire parti des microfluctuations du marché pour réaliser un maximum de microbénéfices. Mais ceux-ci, étant réalisés à un rythme effréné, s'avèrent rentables sur les marchés les plus volatils (comme en Forex ou en Cryptomonnaies). Il permet aussi de diminuer considérablement les risques. C'est une méthode qui fait beaucoup parler d'elle aujourd'hui et qui est née aux États-Unis dans les années 70, avant de s'étendre sur tous les marchés mondiaux. De plus en plus de traders, professionnels comme particuliers, s'y intéressent, et l'on étudie les mécaniques du THF dans certaines écoles de commerce, notamment en cursus MBA online trading.
Comment le trading haute fréquence s'est-il développé aux États-Unis ?
L'idée de base du trading algorithmique est venue d'un constat simple. Sur les marchés les plus volatils, il est possible, si l'on est assez rapide, d'acheter à chaque chute d'un prix et de revendre lorsqu'il remonte, parfois dans la seconde qui suit. Mais il est difficile pour un être humain d'atteindre la rapidité requise pour certaines transactions qui doivent être faites en quelques microsecondes. Il a donc fallu avoir recours à des ordinateurs et des logiciels programmés spécialement pour passer ces ordres automatiquement. Pour en arriver là, il a d'abord fallu que l'infrastructure se développe autour du trading électronique. En effet, avant la création de la première plateforme de trading électronique en 1969, les ordres ne pouvaient pas être automatisés. Il fallait alors que les traders passent par l'intermédiaire d'un courtier, ce qui peut prendre de quelques secondes à quelques minutes pour enregistrer un seul ordre simple. Quelques années plus tard, en 1977, Richard Dennis et William Dunn développent le premier algorithme de trading. Celui-ci sera alors utilisé dix ans plus tard par le célèbre trader David Krell pour exploiter toutes les fluctuations et inefficacités du NASDAQ.
Les années 90 verront le trading haute fréquence se démocratiser avec la libéralisation des marchés financiers et la facilitation de l'accès à ces derniers pour les particuliers. De plus en plus de particuliers vont en effet s'intéresser à la bourse et aux marchés, ouvrant donc la voie à de nombreux développeurs. Ceux-ci, pour faciliter les choses aux néophytes, vont développer des logiciels toujours plus automatisés et intuitifs. Les firmes investiront ensuite de plus en plus d'argent dans la recherche et le développement de tels logiciels et algorithmes, pour leur permettre d'être toujours plus rapides et performants sur les marchés. L'optimisation du procédé ira si loin que les sociétés de trading haute fréquence finiront par installer leurs serveurs au plus proche des bourses mondiales pour réduire au minimum le temps de latence lors du passage des ordres.
Ces 20 dernières années, le trading haute fréquence est devenu le mode d'exécution des ordres le plus important sur les marchés mondiaux en représentant plus de la moitié des ordres passés. Les États-Unis sont le premier pays dans lequel cette domination s'est établie. Au point que le gouvernement va vite comprendre la nécessité de réguler cette pratique, la soupçonnant de pouvoir contribuer potentiellement aux krachs boursiers et de trop influencer les cours de la bourse. Le THF, ou High Frequency Trading en anglais, s'est donc développé principalement aux USA du fait de leur avance technologique dans le domaine à l'époque ainsi que de la fragmentation des marchés globaux. De plus, l'environnement réglementaire américain était propice à favoriser l'émergence de cette méthode, et a permis de la démocratiser partout dans le monde par la suite. Cette domination de l'algorithme dans l'activité boursière n'a pas été sans impact sur les marchés financiers. Si elle a contribué à rendre les marchés plus liquides, elle a aussi influencé la dynamique des prix en réduisant leur delta. En ce qui concerne l'avenir, de nombreuses questions se posent concernant la stabilité des marchés à long terme.
Chiffres du trading haute fréquence
Même s'ils doivent être manipulés avec précaution, les chiffres concernant le trading haute fréquence sont assez éloquents et permettent de visualiser facilement l'importance que cette méthode a prise dans le milieu boursier et financier en 2024. Il est assez difficile de chiffrer précisément l'impact du THF, mais les estimations basées sur la surveillance des marchés et les comportements de trading permettent d'en avoir une approximation assez précise. Son évolution est en tout cas incontestable.
Pour commencer, les ordres automatiques passés grâce à un logiciel de THF représentent entre 40 et 50 % du total des ordres en Europe. Cette proportion varie localement en fonction de la législation des pays et des marchés nationaux. Les ordres de trading algorithmiques représentent en effet 50 % des transactions en Grande-Bretagne, 40 % en France, et seulement 35 % en Allemagne.
C'est loin derrière les États-Unis, où en 2024, le trading haute fréquence représente désormais plus de 80 % des transactions sur actions et actifs numériques. Ce taux de trading automatique risque fort d'être atteint en Europe d'ici à quelques années si aucun effort de régulation n'est fait. Au risque de déstabiliser un système établi depuis de nombreuses années et d'obliger les acteurs du marché à adapter leur stratégie.
Pour avoir un ordre d'idée précis de la vitesse à laquelle les ordres sont passés, une opération financière sur un logiciel de THF prend en moyenne 113 microsecondes. Ainsi, si l'on sait que 80 % des ordres sont passés avec cette méthode, on peut estimer que sur les 26 milliards de dollars tradés quotidiennement, 20 milliards sont des ordres automatiques dictés par des algorithmes.
Le trading algorithmique constitue-t-il une menace ?
La rapidité des transactions et le volume quotidien d'ordres passés par logiciel de THF, s'il ne constitue pas une menace à proprement parler, ont une réelle influence sur les marchés mondiaux. Cette influence s'est déjà fait sentir par le passé lors de krachs boursiers et d'incidents informatiques qui ont eu une répercussion d'ampleur phénoménale sur les plus grosses bourses du monde.
Parmi les risques les plus couramment soulevés, on compte la manipulation potentielle des marchés, l'augmentation de l'instabilité et les « flash crashs », mais aussi la facilitation des délits d'initiés et la disparition à terme des investisseurs « classiques ». En effet, de nombreux analystes craignent tout d'abord que les algorithmes soient utilisés à grande échelle et de manière coordonnée pour manipuler les prix. Ce qui permettrait à des sociétés de THF de faire chuter le prix d'une action pour l'acheter en masse avant que son prix ne retourne à la normale. Ce type de manipulation pourrait conduire à la survenance de krachs très rapides, suivis d'une période d'instabilité plus longue, due à la défiance des investisseurs tiers.
De manière moins dramatique, la proximité des sociétés de THF avec les bourses et les plateformes d'échange pourrait permettre à quelques traders haute fréquence d'avoir accès à des informations importantes avant tout le monde. Cela serait à la limite du délit d'initié sans vraiment en être un…, créant de ce fait une inégalité et un fort sentiment d'injustice chez les investisseurs classiques. Ceux-ci pourraient même à terme disparaître, car ne pouvant plus se fier à une analyse fondamentale des sociétés et actions dans lesquelles ils placent leurs capitaux.
Ces craintes se sont déjà révélées vraies à quelques reprises lors de ces dernières années. En 2012, un bug du système de THF de la société Knight Capital lui a fait perdre près de 440 millions de dollars. Les ordres aléatoires et massifs ont rendu le marché si instable que l'action de l'entreprise est rapidement tombée à moins de 3 dollars après que des fluctuations erratiques se soient produites chez les plus grandes sociétés comme Novartis (-4 %), Nokia (+9 %) ou encore Goodyear (+10 %). Le même type de situation a provoqué en 2018 une forte chute du Dow Jones, suivi du CAC40, qui a entraîné dans leur chute les bourses asiatiques et européennes. Il est donc facile de constater que même si le THF ne se concentre que sur des microtransactions, celles-ci sont tellement nombreuses que leur « masse » a un réel impact sur les marchés à l'échelle mondiale.
Néanmoins, le trading haute fréquence n'a pas que des inconvénients à grande échelle. Il permet en effet d'augmenter la liquidité et la « profondeur » des marchés en facilitant les transactions et en les rendant beaucoup plus fluides. La rapidité d'exécution des ordres ainsi obtenue contribue alors à réduire l'écart maximal de prix sur des périodes courtes. On obtient donc une action ou un actif à un prix qui se rapproche beaucoup plus de son « juste » prix, ou d'une valeur moyenne calculée sur un nombre d'ordres beaucoup plus grand.
La solution pour limiter ses effets délétères et rassurer le monde de la finance pourrait venir des efforts de régulation que font de nombreux États, appuyés par les organismes de régulation des marchés financiers. Ces efforts se concentrent pour la plupart sur une meilleure transparence et sur une législation plus stricte visant à prévenir les abus pour protéger les investisseurs et maintenir la stabilité de l'économie globale. À terme, on pourrait aussi envisager une réduction du nombre d'ordres par seconde passés, pour réduire la « masse » de transactions automatiques et ainsi en limiter l'impact sur le marché en cas de manipulation malveillante.